Pour intégrer l’objectif national de neutralité carbone dans ses politiques publiques, le Conseil Régional de Bretagne a engagé la modification du volet énergie-climat de son Schéma régional d’aménagement, de développement durable et d’égalité des territoires (SRADDET). Dans ce cadre, trois scénarios préliminaires ont été construits et présentés en Conférence bretonne de la transition énergétique (CBTE) d’avril 2025. Le HCBC a participé à ces réunions et a transmis un premier avis intermédiaire aux élus de l’exécutif régional, qui a par la suite été amendé et présenté au CESER de Bretagne lors d’une journée d’échanges organisée le 1er juillet 2025.
Trois scénarios de décarbonation à l’échelle de la Bretagne (S1, S2 et S3) ont été élaborés dans le cadre de la réflexion sur la révision du SRADDET. S2 diffère de S1 par un objectif plus ambitieux de baisse des émissions de gaz à effet de serre (GES) en 2030. Comme le rappelle le document de mise en concertation de la PPE et de la SNBC31, “l’horizon 2030 représente un jalon important dont l’ambition a été rehaussée, en lien avec la nouvelle ambition climatique européenne. Le nouvel objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre est de réduire de 50 % les émissions brutes d’ici 2030 par rapport à 1990 ; il était de 40 % dans la SNBC 2”.
Le Haut Conseil Breton pour le Climat (HCBC) rappelle que le réchauffement global est proportionnel au cumul des émissions de GES. Avec une réduction moins rapide (S1 et SNBC 2), le cumul des émissions sur la période 2025-2050 est plus grand, et la contribution au réchauffement global est donc plus forte. La décroissance rapide des émissions est nécessaire pour tenir les objectifs de l’accord de Paris, c’est ce qui a guidé l’élaboration des nouvelles politiques de réduction des émissions au niveau européen et national. Revenir aux objectifs de la SNBC 2 serait un pas en arrière pour la Région Bretagne.
Le scénario S3 fait l’hypothèse d’une réduction plus faible des émissions du secteur agricole (37% de réduction en 2050, par rapport à l’objectif de réduction de 48% de la SNBC 3). Malgré la mobilisation très importante des leviers concernant les autres secteurs, y compris de la sobriété, S3 aboutit à des émissions de GES plus importantes que les autres scénarios en 2050. Ceci rend ce scénario moins compatible avec la politique nationale. Par ailleurs, le principe de limiter l’atténuation dans le secteur émettant le plus à l’échelle régionale peut être questionné : le choix de l’exemplarité (c’est-à-dire, faire contribuer le plus à l’atténuation le secteur le plus concerné) serait tout aussi défendable.
Les études récentes montrent par ailleurs qu’il est probable que la capacité des puits naturels à stocker le carbone soit moins efficace avec le changement climatique : il faut donc envisager une hypothèse plus forte de réduction des émissions. Pour toutes ces raisons, le HCBC trouverait intéressant de travailler sur les hypothèses fortes du S3 de diminution des émissions des secteurs autres que l’agriculture, tout en conservant les objectifs du S2 pour l’agriculture.
Le HCBC rappelle les éléments qui devraient également être intégrés dans la réflexion sur les scénarios de réduction des émissions :
– effet du changement climatique sur les différents leviers, par exemple sur les rendements agricoles
– synergies avec la politique d’adaptation au changement climatique
– synergies avec les politiques de santé et de maintien de la biodiversité
– mobilisation autant que possible du levier de la sobriété (dont le GIEC démontre l’efficacité et le faible coût) tout en veillant à la justice sociale des mesures proposées
– risques de verrouillage sur des trajectoires qui rendraient plus difficiles les changements systémiques nécessaires.
– engager une réflexion sur l’acceptation sociale des mesures engagées et les contraintes économiques associées
- https://www.ecologie.gouv.fr/sites/default/files/documents/202411_DP_SNBC_PPE.pdf ↩︎