Le méthane, un gaz à effet de serre à surveiller

Les activités humaines génèrent principalement du gaz carbonique (CO2), mais l’agriculture émet aussi deux autres gaz à effet de serre en quantité importante : le méthane (CH4) et le protoxyde d’azote (N2O). Ces trois gaz sont les principaux contributeurs du réchauffement climatique à l’échelle planétaire, et leur concentration augmente1.

Un fort pouvoir de réchauffement

Le pouvoir de réchauffement global d’un gaz à effet de serre est lié à la fois à sa concentration dans l’atmosphère, sa faculté à retenir le rayonnement infrarouge émis par la surface de la terre (efficacité radiative) et par son temps de séjour dans l’atmosphère. Ces paramètres varient très fortement selon les gaz. Le gaz carbonique est très stable chimiquement dans l’atmosphère et on estime que dans 1000 ans, il restera encore 20% du CO2 émis aujourd’hui. En revanche, le protoxyde d’azote réagit chimiquement dans la haute atmosphère et son temps de séjour « moyen » dans l’atmosphère est d’environ 110 ans. Le méthane réagit quant à lui dans la basse atmosphère en 12 ans environ, puis il se transforme partiellement en CO2

Ainsi, selon l’indicateur de changement climatique défini par le GIEC, qui estime la contribution des gaz au réchauffement climatique sur une période de 100 ans, une tonne de méthane d’origine fossile réchauffe environ 30 fois plus qu’une tonne de CO2 et le protoxyde d’azote 273 fois plus2. Mais si on considère la contribution à plus court terme (20 ans), le méthane réchauffe 83 fois plus que le CO2. Cette contribution à court terme doit être prise en compte puisque les politiques publiques fixent des objectifs pour 2050, voire pour 2030. La figure 1 montre ainsi la contribution au changement climatique à court et moyen termes des différents gaz à effet de serre émis en France et en Bretagne en 2020.

Figure 1 : Part de contribution au réchauffement climatique des différents gaz à effet de serre émis en France3 et en Bretagne4, à court terme (20 ans) et à moyen terme (100 ans). Réalisation HCBC.


Une origine essentiellement agricole

En France, les émissions de méthane proviennent à 68% de l’agriculture, le reste étant lié aux secteurs des déchets et de l’énergie. En Bretagne, l’agriculture émet du méthane du fait de l’élevage (sa source principale est la fermentation dans l’estomac des ruminants) et du CO2, du CH4 et du N2O directement sur les champs par l’utilisation d’engrais d’origine fossile et l’épandage de lisier et de fumier. D’après l’OEB5 en 2020, l’agriculture représente 40% des émissions6 de gaz à effet de serre en Bretagne et 58% de l’impact climatique de l’agriculture bretonne est dû au méthane. Il est urgent de limiter ces émissions afin d’éviter un pic de température globale qui dépasserait 2°C. Un tel pic, même temporaire, causerait des pertes irréparables pour les écosystèmes terrestres et marins.

Lors de la COP 26 (2021), la France s’est engagée à réduire ses émissions de méthane de 30% en 2030 par rapport au niveau de 2020. Cependant, le Haut Conseil pour le Climat7 souligne que les émissions de méthane du secteur agricole français ont encore peu baissé et qu’une réduction rapide est nécessaire pour tenir l’engagement national. Atteindre cet objectif nécessite à la fois un changement des pratiques alimentaires dans notre société (frugalité, limitation de la viande dans nos assiettes) et une adaptation des pratiques culturales.


  1. Selon le dernier rapport du GIEC, depuis 1750 la concentration de CO2 a augmenté de 47%, celle de CH4 de 156% et celle de N2O de 23% (IPCC AR6 WG1, chapitre 5) ↩︎
  2. Ces chiffres sont fondés sur des calculs complexes et révisés à chaque rapport du GIEC. Les potentiels de réchauffement donnés ici sont ceux du 6ème rapport. Ceux du 5ème rapport (28 pour CH4 et 265 pour N2O) sont peu différents et sont encore utilisés. ↩︎
  3. https://www.notre-environnement.gouv.fr/actualites/breves/article/changement-climatique-de-nouveaux-chiffres-cles-pour-comprendre-les-enjeux ↩︎
  4. OEB, 2023. « Les émissions de gaz à effet de serre en Bretagne », https://bretagne-environnement.fr/tableau-de-bord/les-emissions-de-gaz-effet-de-serre-en-bretagne ↩︎
  5. OEB, op. cit. ↩︎
  6. Il s’agit ici de l’impact réchauffant des émissions, mesuré en équivalent CO2 ↩︎
  7. https://www.hautconseilclimat.fr/publications/accelerer-la-transition-climatique-avec-un-systeme-alimentaire-bas-carbone-resilient-et-juste/ https://www.statistiques.developpement-durable.gouv.fr/lempreinte-carbone-de-la-france-de-1995-2022 ↩︎